Les volcans de Java Est en Indonésie

D'abord, comme précédemment, faisons un petit point scientifique : le volcan Bromo culmine à 2 329 mètres d'altitude et son cratère fait 800 mètres de diamètre et 200 mètres de profondeur. C'est un volcan actif, sous surveillance, dont la dernière éruption date de 2011. Concernant l'Ijen, on parle plus de "complexe volcanique" regroupant plusieurs strato-volcans, dont le plus haut est le volcan Merapi. On parle souvent de cratère au sujet de l'Ijen plutôt que de volcan, on dit même le volcan "Kawah Ijen", Kawah qui veut dire cratère. Il fait 200 mètres de profondeur.

1 - Le volcan Bromo

Levés à 2h30 du matin pour un départ prévu a 3h30 nous nous hâtons à l'entrée de l'hôtel pour rejoindre notre jeep qui nous emmène au point de vue du volcan Bromo, sur le mont Penanjakan. Après quelques péripéties pour la répartition des jeeps nous voilà partis pour récupérer trois autres personnes dans un autre hôtel au pied du volcan, puis nous attaquons enfin la route en direction du point de vue du volcan. Une grosse brume nous entoure, nous ne voyons pas à 2mètres. Après ¾ d'heure de montée, nous arrivons enfin au point de vue. Le chauffeur se gare en bas d'une impressionnante série de jeeps (ce jour là il devait y en avoir environ 200, vive la période touristique!), puis nous grimpons pendant encore 10 petites minutes. A notre arrivée, c'est la déception : plus une seule place devant les grilles pour prendre des photos. Heureusement, on finit par sympatiser avec certaines personnes qui nous laissent une petite place pour prendre des photos du soleil qui commence à pointer le bout de son nez. Petit à petit, la lumière fait son apparition sur les volcans et la surprise est de taille : un volcan tout petit vu d'ici, un autre juste derrière d’une taille impressionnante et parfaitement conique, et un autre juste à côté.

Les contours du volcan se dessinent progressivement, ainsi que les couleurs. Le Bromo est d'une couleur noire intense, et on peut voir les traces des anciennes coulées de laves grâce aux stries sur les flancs du volcan, c'est superbe !

Nous commençons à prendre quelque photo et vers 5h30 le soleil se lève complètement, il est magnifique, d'une couleur orangée et rose. Il répand sa lumière sur tous les volcans et sur un village en contrebas. On finit par oublier le monde qu'il y a autour de nous, et pourtant il y en a!

Après quelques magnifiques photos (dont une où nous avons réussi à être pris tous les deux avec les volcans, incroyable vu le monde qu'il y avait!), il est déjà 6h et nous devons redescendre pour rejoindre cette fois-ci le cratère du volcan. Nous remontons dans notre jeep et descendons jusqu'en bas de la coline. Le paysage est lunaire, il n'y a rien sur le sol à part cette terre grise et ces énormes traces de lave, qui ressemblent au lis d'une rivière asséchée.

Le chauffeur nous dépose à 5minutes du pied du volcan, devant une série de chevaux. Les cavaliers nous proposent tous de monter avec eux («with horse ten thousands?») pour grimper sur le volcan, et ils ne cesseront de nous le proposer pendant toute l'ascension. Ils ne perdent jamais le nord ces indonésiens! Après 20 minutes de montée, nous arrivons en bas d'un escalier en béton qui permet de terminer l'ascension jusqu'au caratère (pas touristique du tout ce volcan pour en arriver à construire un escalier en béton!).

Après l'escalier, nous arrivons enfin au cratère ! Malgré la foule, c'est assez magique, du cratère sort en continu une épaisse fumée blanche. Des villageois y jettent des offrandes, et beaucoup nous proposent de faire de même (pour nous vendre les offrandes bien-sûr). Tiens, mais a quoi peuvent servir ces espèces de filets pour attraper les papillons au bord du cratère ? Et oui, vous avez compris, c'est pour récupérer les offrandes qu'ils viennent de vous vendre, et que vous venez de jeter dans le cratère, pas de gaspillage comme ça !

Ensuite, nous continuons notre chemin sur la crête et la vue est saisissante. Nous voyons le vide en contrebas, ainsi que des dunes noires formées par la terre du volcan, on dirait un désert de sable noir. On voit aussi le sommet de l'autre volcan tout vert, de bien plus près, et derrière nous continue de fumer le cratère du Bromo, c'est incroyable.

Malheureusement, nous ne devons plus tarder à rejoindre la jeep, nous cavalons toute la redescente en pensant être en retard, puis nous passons 10 minutes à chercher notre jeep au milieu des dizaines autres toutes « garées » au même endroit.

Nous avons beaucoup aimé la visite de ce volcan, même si ça nous a beaucoup changé des autres volcans visités dans l'ouest de Java où nous étions que quelques touristes. Ce volcan est en activité permanente, et la proximité d'autres volcans en fait une attraction touristique majeure et nous comprenons pourquoi, il est très beau et impressionnant!

2 - Le volcan Ijen

Ca yeh, il est 1h du matin et nous voici prêts à gravir le volcan Ijen. Que le réveil à minuit et demi est difficile quand on s'est déjà levés à 2h du matin la veille! Après 45min de mini-bus, nous arrivons sur le parking, au pied du volcan. Comme il pleut et qu'il fait un peu frais, nous nous équipons de nos vestes qui nous servent pour la 2eme fois en Asie, ça fait plaisir de se dire que nous ne les avons pas pris pour rien. Certaines personnes ne sont pas équipées (elles sont juste en T-shirt!), nous leur prêtons donc nos kway, puis nous pouvons enfin commencer l'ascension.

Nous partons donc en pleine nuit sur une piste menant au sommet du volcan, ça monte dur, et comme nous avons un peu de mal, nous restons en queue de peloton. Après plus d'une heure de grimpette, nous arrivons enfin à un «checkpoint» où les porteurs de souffre viennent faire une pause avant la redescente. Nous nous reposons dix petites minutes puis nous repartons pour la dernière demi-heure de montée jusqu’à l'entrée du cratère. Ca yeh, après environ 2h de montée nous sommes au bord du cratère de l'Ijen. Nous apercevons déjà les flammes bleues dans le fond du volcan qui est seulement éclairé par la lune, c'est magnifique!

Il ne nous reste plus qu'à descendre pour les rejoindre. Nous attaquons donc la descente dans le cratère du volcan, équipés de nos lampes frontales, même si à l'entrée, il est bien indiqué qu'il est interdit de descendre dans le cratère, mais nous avons un guide alors nous le suivons.

Dans le cratère, il y a comme un chemin de pierre créé par les porteur de souffre. La descente est difficile, presque autant que la montée du volcan, car le chemin est étroit et glissant. En route, nous croisons des porteurs de souffre chargés comme des mules. Ils ont chacun 2 paniers, un de chaque côté, rempli de souffre (ça peut aller jusqu'à 100kgs de charge!) avec juste une barre de bois qui supporte les paniers.

Ca yeh, nous sommes enfin dans l'antre du volcan. Des épaisses fumées de souffre nous balayent le visage, et malgré les masques, nous avons parfois du mal à respirer. Nous sommes également à côté des fameux « blue fires » que nous sommes venus voir, c'est incroyable, la roche brûle sous nos yeux et dégagent de grandes flammes aux reflets bleus, verts et oranges. Et quand le vent souffle sur celles-ci, cela fait comme un grondement dans l'air, c'est impressionnant. Nous avons vraiment bien fait de nous lever pour voir ce phénomène unique !

Au plus près des épaisses fumées de souffre brulantes, des hommes seulement équipés d'un chiffon sur la bouche et d'une énorme barre de fer viennent frapper la roche encore en fusion pour la fissurer et en sortir leur précieux trésor : du souffre le plus pur possible. C'est assez incroyable, car nous avons déjà du mal à respirer lorsque la fumée nous entoure, mais eux sont carrément DANS la fumée, et ça tous les jours !

Comme d'habitude, les indonésiens sont très astucieux pour essayer de se faire quelques sous, et ici les porteurs de souffre fabriquent des petites moulures de souffre en forme de tortues ou de cœurs pour les proposer aux touristes. En même temps, on peut les comprendre, pour tant d'efforts (deux trajets aller-retour par jour, c'est-à-dire la montée du volcan, la descente du cratère à vide, puis la montée du cratère et la descente du volcan chargés d'environ 60-80kgs), ils ne gagnent que 600 roupies par kilo de souffre vendu (soit quelques centimes d'euros). Le souffre est essentiellement vendu aux entreprises de cosmetiques, de medicaments, d'engrais et d'insecticides.

Après bien 1h passée au coeur du cratère, nous décidons de remonter. La descente était périlleuse mais la remontée se fait toute seule, enfin pour nous, car les porteurs de souffre que l'on croise, eux, sont en plein effort. La montée est raide et ils doivent faire des pauses toutes les 10min en posant leur charge sur le sol. Enfin arrivés en haut (oui car même si la montée était facile, il a fallu s'arrêter une dizaine de fois pour que Christelle prenne des photos!) nous apprécions la vue panoramique sur le lac du volcan, que nous pouvons enfin voir grâce au soleil qui se lève. Il est d'une couleur turquoise, et au fond du volcan, nous voyons les roches jaunes et leurs fumées blanches qui s'échappent des crevasses. Les "blue fires" ont disparu, car ce phénomène n'est visible que la nuit. Nous sommes sans voix devant un tel spectacle.

Nous passons encore une bonne heure à marcher tout autour du bord du volcan, car le paysage est fantastique. La vue sur le lac d'abord, mais aussi sur les montagnes formées tout autour par les éruptions du volcan.

Après plus de 4h passées sur (et dedans!) le volcan Ijen, nous devons rejoindre le groupe en bas, nous sommes les derniers car nous voulions en profiter jusqu'à la fin. Nous faisons la descente au pas de course (c'est plus facile en courant qu'en marchant bizarrement !), et croisons de nombreux porteurs de souffre, qui portent leur charge sur l'une de leur omoplate. Leur musculature est impressionnante!

Ce volcan nous a vraiment ébloui, nous avons adoré y passer autant de temps, voir les blue fire, les porteurs de souffre et le lever du soleil sur le lac de cratère. Cela restera comme l'une des plus belles découvertes de l'Indonésie, et le plus beau volcan qu'on ait vu jusque là !

Joël