Kuching sur Bornéo, la ville de tous les bobos

21/07/2013 17:20

Dimanche 23 Juin

Notre avion décolle en début d’après-midi mais nous nous levons quand même assez tôt pour attendre le fameux bus vers l’aéroport dont nous ne sommes pas surs de l’existence. Nous nous rendons à l’arrêt de bus et attendons, attendons, attendons…Pleins de bus s’arrêtent, mais ils vont pour la plupart en direction de Senai, la ville de l’aéroport, mais pas à l’aéroport. On s’était fixés une heure d’attente maxi avec Joël en se disant qu’il y aurait au moins un bus toutes les heures. Au bout de 50 minutes, Joël me dit de laisser tomber et de prendre un taxi. Mais moi têtue comme une mule, je veux attendre une heure au moins, je suis sure qu’il y en a un, c’est obligé ! Au bout de 58 minutes, le bus arrive enfin ! Ouf ! On a bien fait d’attendre, et cela contredit les nombreuses personnes qui nous ont renseigné hier et qui nous ont toutes dit de prendre un taxi. Quand on veut faire « local », on peut, il suffit d’être patients !

 

Comme d’hab’, on arrive super en avance à l’aéroport et on a le temps de manger tranquillement un bout et de préparer nos affaires pour le vol. Dès l’ouverture de l’embarquement, on fait la queue au guichet. Une fois devant, la dame nous annonce qu’il faut s’enregistrer soi-même aux deux bornes libre-service dispos. Sinon, elle peut le faire pour nous, mais ça coute 10RM chacun (=2,5€). Bon ben on va le faire nous-mêmes, c’est pas un problème, on aurait juste aimé que ça soit plus clair dès le début pour pas faire la queue pour rien. On part aux machines, on fait la queue puis c’est notre tour. Une première machine à côté de moi lâche et se met « hors service ». J’arrive à sortir ma carte d’embarquement à la deuxième borne devant moi, mais elle lâche à son tour juste après ! On attend tous (on est nombreux devant les machines) mais le technicien nous annonce que ça risque de prendre beaucoup de temps et qu’il vaut mieux passer au guichet. En bon français qu’on est, on se dit que la dame ne va quand même pas nous faire payer les 10RM alors que LEURS machines sont toutes tombées en panne… Et ben si, c’était mal connaitre AIR ASIA (l’équivalent du Easy Jet en Asie) qui trouve tout-à-fait normal de nous faire payer. Mais pour le coup, c’était mal nous connaitre aussi, parce que là-dessus avec Joël on est pareils, on n’aime pas du tout être pris pour des jambons. Le problème, c’est pas le prix, c’est le principe. On refuse donc de payer. La dame ne nous croit pas et commence à faire l’enregistrement pour Joël puis réclame l’argent. Non, on ne paiera pas ! On commence à bloquer toute la file d’attente, la dame ne veut rien savoir en nous disant qu’il y avait une 3ème possibilité, qu’on pouvait aussi faire l’enregistrement sur internet mais qu’on ne l’a pas fait donc c’est notre faute ! Oui mais c’est pas notre faute si toutes vos machines tombent en panne, donc on ne paiera pas ! En plus, on ne peut pas le faire sur internet depuis l’aéroport, le WIFI ne marche pas. Deux nouveaux guichets s’ouvrent à côté de nous pour compenser celui que l’on est entrain de bloquer. Même pas peurs, on ne bouge pas, on attend qu’elle nous trouve une solution, on a encore le temps pour ça. On va leur apprendre ce que c’est un « geste commercial » à Air Asia! Au bout de 15 minutes, elle dit que son manager veut nous parler et qu’on doit l’attendre. Pas de problème, on attend. On se décale, elle peut enfin reprendre des clients. Au bout de 15 minutes, toujours pas de manager, elle nous dit d’attendre encore 5 minutes, on attend encore. Toujours personne. Elle finit par céder et par donner la carte à Joël sans le faire payer…on a gagné, deuxième petite victoire de la journée après le bus. Non mais dis donc !

 

                                          

 

Le vol pour Kuching se passe sans encombre. A l’arrivée, on cherche un bus pour se rendre au centre- ville, mais l’arrêt se trouve à plusieurs kms de marche. Même pas peurs, on y va, on a la niaque aujourd’hui ! On commence à marcher sauf qu’il n’y a pas vraiment de trottoir au bord de la route, c’est un peu freestyle. On cherche du regard une voiture qui partirait dans le bon sens, on tend un peu le pouce au cas où quelqu’un voudrait nous prendre en stop. On finit par se résigner et par continuer à marcher. Finalement un pick-up nous fait signe, trois personnes sont à l’intérieur dont une dame âgée d’une soixantaine d’années qui nous demande où on va. Elle sait très bien que la ville de Kuching est mal desservie au niveau des transports en commun, et du coup elle veut nous aider et nous dit de monter. 3ème petite victoire de la journée, décidément ! Dans la voiture, on fait connaissance avec les passagers, surtout avec cette dame qui s’appelle Kamariah, et à qui appartient apparemment la voiture dans laquelle nous sommes, même si elle ne la conduit pas. Elle nous parle de son pays, mais surtout de la région où nous sommes actuellement, le Sarawak, qui est relativement autonome par rapport à la Malaisie. Elle nous alerte aussi sur les pickpockets (un classique), notamment sur le front de mer de Kuching. On discute beaucoup sur le trajet, et vraiment on apprécie cette dame qu’on trouve super ouverte d’esprit, généreuse et drôle. Elle nous dit que ça lui ferait plaisir de passer du temps avec nous dans la semaine, et nous échangeons nos numéros de téléphone pour s’appeler. Ce fut une super rencontre, on espère la revoir.

 

Arrivés à l’auberge, on apprend que les prix sont un peu plus chers en fin de semaine parce qu’il va y avoir le « Rainforest World Music Festival », c’est un grand festival de musique du monde qui a lieu tous les ans à Kuching. Nous décidons du coup de rester 6 nuits au lieu de 5 pour pouvoir y assister vendredi soir. Nous avions déjà choisis de rester longtemps à Kuching car la ville est très centrale par rapport à toutes les activités qu’il y a à faire dans le Sarawak. Et il y en a beaucoup qui nous intéressent. En plus, ça va nous faire du bien de nous « poser » longtemps quelque part, et l’auberge est très sympa, avec un look un peu « maisons du monde ».

 

                                           

 

En début de soirée, nous partons sur le front de mer, en faisant bien attention aux recommandations de Kamariah sur les pickpockets. Nous mangeons en terrasse en écoutant un guitariste de rue. On se sent vraiment en vacances et cette journée pleine de petites victoires nous a mis de très bonne humeur. Et puis, on est enfin sur Bornéo, c’était un rêve pour moi. J’ai hâte d’aller dans la jungle, de voir des orangs-outans, de naviguer sur une rivière et d’en apprendre un peu plus sur les populations de la jungle (très nombreuses et préservées sur Bornéo). Enfin la ville nous plait, la première impression est super bonne, elle a une taille « humaine », elle est au bord de l’eau et a de très beaux monuments. Mais il va se passer quelque chose dans cette ville qui va nous faire changer d’avis sur elle, seulement ça, nous ne le savons pas encore….

 

   

 

En rentrant à l’hôtel, Joël se plaint de moustiques qui le piquent, alors que moi je n’ai rien. Il a effectivement de nombreuses piqures sur les bras et les jambes, et même si les moustiques l’aiment en général plus que moi, c’est quand même bizarre que lui en ait autant et moi rien du tout. On passe la nuit tranquillement dans notre nouveau chez nous, on verra ça demain.

 

Lundi 24 Juin

Au réveil, les piqures de moustiques se sont propagées sur tout son corps, en particulier le dos, les bras et les jambes. Pourtant, il a dormi sous les draps, et moi je n’ai rien du tout. C’est là qu’on comprend qu’il ne s’agit pas de moustiques mais d’autre chose. On en vient très rapidement tous les deux à la conclusion qu’il a attrapé cela dans le dernier hôtel miteux de Skudai (à côté de l’aéroport de Johor Bahru). Il s’agit surement de puces de lit, parce que même si les lits avaient l’air propre, les draps n’avaient peut-être pas été changés depuis longtemps, et il y avait une forte odeur de renfermé dans la chambre à notre arrivée. Pourquoi lui et pas moi ? Parce que je dors TOUJOURS dans mon sac à viande (=petit sac de couchage mais en soie très légère pour les pays chauds), tandis que Joël il dors dedans de temps en temps seulement, quand il le sent…ben là, il a mal senti le truc, parce que maintenant, il paye ! Ca le démange, c’est atroce, et en plus certains boutons sont vraiment énormes.

 

                                                     

 

Comme ça nous inquiète un peu, on décide d’aller voir un pharmacien chinois conseillé par une habituée de l’auberge. Cette dernière pense plus à une intoxication alimentaire en voyant les boutons de Joël. Mais quand on les montre au pharmacien, il est formel : ce sont bien des puces de lit qui ont bouffé Joël ! Diagnostic confirmé. Il lui « prescrit » des petits médicaments à base de plantes et un produit pour lutter contre les démangeaisons. On prend le tout, car sur le coup, la crème ant-démangeaison fait du bien à Joël. Au final on pense plutôt que c’est le temps et la crème prescrite par un médecin français AVANT le départ qui lui ont fait du bien, mais peu importe, l’expérience était rigolote (d’aller chez un pharmacien chinois, pas d’avoir des boutons !).

 

 

Les émotions ça creuse, alors on part manger un bout dans un resto conseillé du Lonely, un resto arabe. On mange bien puis on rentre à l’hôtel pour se reposer, après déjà 3 semaines en Malaisie, et presque 2 mois de voyage, on ressent une grosse fatigue. Une après-midi farniente s’impose ! Après un gros dodo et beaucoup de glandouille, on sort quand même le soir pour manger un bout. On s’éloigne un peu du centre et on tombe sur un petit resto pas cher où il n’y a que des locaux, aucun touriste. Super, on mange bien, et on se dit qu’on reviendra surement.

 

                                     

 

Enfin, on fait un tour sur le front de mer à la recherche des fameux chats de Kuching. En effet, Kuching veut dire « chat » en malais, et la ville est truffée de statues en tous genres. Après avoir trouvé la plus grosse, un peu kitsch quand même, on rentre se coucher pas trop tard pour aller voir les orangs-outans demain matin.

 

                                                  

 

Mardi 25 Juin

On se lève très tôt pour prendre le seul bus du matin qui nous mène au centre de réhabilitation de la faune de Semenggoh. Il pleut très fort lorsqu’on sort de l’auberge, on espère que cela va se calmer lorsqu’on sera arrivés. On attend un peu le bus qui est en retard, et après une heure de route (pour 24kms seulement!) on arrive au centre. Il est bientôt 9h, on prend nos tickets mais il faut qu’on se dépêche pour arriver à temps au « feeding point» (lieu de nourrissage des animaux) car il faut encore marcher un peu. Heureusement, il ne pleut plus (ça nous arrive souvent d’avoir de la chance pour la pluie !). A l’arrivée, un guide nous explique comment le nourrissage va se dérouler.

 

                                               

 

Une vingtaine de personne est là, on espère qu’ils seront suffisamment calmes pour ne pas faire fuir les animaux. Le guide nous explique de ne pas lutter si un singe nous vole quelque chose, de bien garder le silence pendant le nourrissage, et de ne pas espérer voir beaucoup d’orangs-outans, que si on en voit 2 ou 3, ça sera déjà génial. En effet, ce centre n’est pas un zoo, c’est un immense parc sans cage ni grillage où les singes peuvent évoluer en toute liberté, ils sont donc «semi-sauvages ». On arrive au lieu de nourrissage, nous restons derrière une barrière et le guide monte sur un promontoir avec des fruits et commence à appeler les singes. Des arbres se mettent à bouger, très fort, un premier singe arrive.

 

                                       

 

Puis un deuxième singe débarque, puis un 3ème et un 4ème. Finalement c’est 6 ou 7 orangs-outans en tout que nous verrons venir manger quelques bananes, nous sommes aux anges ! En plus, tout le monde est très calme (la frousse de se faire voler son appareil photo surement !), du coup c’est un moment très agréable où chacun profite en silence de ces merveilleux animaux. Ils sont d’une agilité et d’une souplesse incroyable et se pendent aux lianes et aux branches qu’ils trouvent avec une facilité déconcertante. Ce sont des singes vous allez me dire, normal, mais ce sont des grands singes et leur grandeur rend la chose plus impressionnante.

 

 

Il y a même une maman avec son petit accroché qui vient elle aussi manger quelques bananes, le guide donne aussi un fruit au bébé. La femelle reste un long moment autour de nous et prend des positions improbables avec son petit sur le ventre.

 

                                       

 

A la fin du nourrissage, nous repartons vers l’entrée, et tombons encore sur un autre singe mais il est cette fois-ci beaucoup plus près de nous. Juste au-dessus plus exactement. On range vite fait bien fait le casse-croute qu’on avait sortis et on prend aussi bien garde à notre appareil photo. On l’observe de plus près, il est lui aussi intrigué par tous ces humains qui le regardent. Après quelques grimaces et cabrioles, il s’en repart dans sa jungle, et nous sommes nous aussi priés de sortir du parc qui ferme hors des heures de nourrissage. On a adoré ce moment, on a trouvé le parc génial et on a eu beaucoup de chances car beaucoup de singes sont venus manger. Il y en a plus lorsqu’ils ont des difficultés à trouver eux-mêmes des fruits dans la nature. Sinon, ils ne viennent même pas aux heures de nourrissage.

 

 

En rentrant, on fait un petit tour de la ville. On passe d’abord par une rue piétonne du centre-ville, la India Street Pedestrian Mall, qui comme son nom l’indique est le quartier indien de la ville. De là, une petite rue cachée rejoint une grosse artère, elle s’appelle la « Indian Mosquee Lane », et servait avant de passage pour les commerçants quand ils voulaient aller prier à la mosquée.

 

                    

 

Ensuite on part se renseigner à l’office du tourisme pour les activités du reste de la semaine, et sur comment rejoindre Sibu notre prochaine destination. Puis on part manger un bout pour le déjeuner et on longe la rivière pour rentrer. On voit enfin de jour les bâtiments administratifs de l’autre côté, qui ne se visitent pas, mais qui donnent du cachet à la ville.

 

                                              

 

Ensuite, on rentre se reposer car quand même, on s’est levés tôt ce matin ! On repart après une très grosse sieste pour le repas du soir. D’abord, on part retirer de l’argent au distributeur (info qui peut paraitre inintéressante, mais qui a son importance pour la suite…), on se sépare l’argent comme d’habitude, un peu pour moi, un peu pour Joël. Puis on va manger au Pizza Hut histoire de changer du riz ou des nouilles habituelles. Ensuite, je propose à Joël d’aller au petit bar qui fait des « Happy Hours » le mardi et qu’on avait repéré hier. C’est un bar à cocktail, on vérifie les prix, et on voit qu’il y a possibilité de se faire plaisir ! Un cocktail acheté, un offert, pour moitié moins qu’un seul cocktail en France. On se retrouve donc avec 4 cocktails différents pour le prix d’un seul en France, on adore !

 

 

C’est tout joyeux d’avoir passé une super journée et une super soirée qu’on rentre à l’auberge de jeunesse, aux environs de 22h. Insouciants aussi et à 10 000 lieux d’imaginer ce qui va nous arriver…A environ 20 mètres de l’auberge, à côté du temple rouge, un gars en mobylette que nous ne voyons pas arriver derrière nous prend la rue en sens interdit (raison de plus pour ne pas s’y attendre), me passe à côté (nous marchions sur le bitume car il n’y pas de trottoir à cet endroit), agrippe ma sacoche et me passe devant en tirant violemment dessus, grâce à la force de la mobylette qui continue d’avancer. Je ne réalise ce qui se passe que lorsqu’il est déjà devant moi et que je sens une forte pression sur mon épaule. La lanière craque et le gars en mobylette accélère et s’éloigne. Je viens de comprendre que je me suis fait volée ma sacoche avec tout ce qui était le plus précieux à l’intérieur, dont mon passeport !!! Nooooooooooooooooonnn !!! Je me mets à crier et à pleurer dans la rue, Joël me laisse ses affaires et court aux trousses de la mobylette. Il essaie même de le choper à un virage un peu plus loin, mais ne réalise pas sur le coup qu’on ne conduit pas à droite mais à gauche et qu’il a donc mal calculé le raccourci à prendre. Il revient dépité les mains vides et me retrouve en pleurs à la terrasse d’un commerce qui m’a offert un verre d’eau. J’étais tellement déboussolée en l’attendant que je n’ai même pas retrouvé la porte de notre auberge qui était juste en face de moi. Nous sommes tous les deux sous le choc. Ce type d’agression (car j’appelle ça une agression) est si surprenant, qu’il en est d’autant plus choquant : comme tout se passe derrière nous, on ne comprend ce qui se passe que lorsqu’il est trop tard. Seule bonne nouvelle, l’appareil photo lui aussi sur mon épaule y est resté, on ne sait pas trop par quel miracle.

 

                                           

                                                                   le lieu du "drame" le lendemain matin...

 

Nous rentrons dans notre auberge et expliquons la situation au gars de l’accueil qui nous indique où se trouve le poste de police le plus proche. Mais avant toute chose, nous appelons Monabanq pour faire opposition sur la carte bancaire. Ils sont super comme d’habitude, et agissent très rapidement. Ils augmentent aussi les plafonds de la carte de Joël pour que nous ne soyons pas bloqués par la suite. Ensuite, nous filons au poste de police pour faire une déclaration, en précisant tout ce que nous avons perdu :

 

  • Passeport avec visa indonésien à l’intérieur
  • Espèces
  • Téléphone portable
  • Carte de crédit

 

Je demande aux agents si cela arrive souvent, ils me disent « non, une à deux fois par semaine »…ah oui quand même ! Pour une petite ville, nous trouvons que c’est relativement fréquent ! Ensuite nous rentrons à l’auberge, et n’arrivons bien-sûr pas à dormir. Nous refaisons la scène, comment avons-nous pu le laisser filer ? Comment avons-nous pu être aussi insouciants ? Pourquoi avais-je pris mon passeport ce soir et pas juste la photocopie ? Pourquoi ne l’avons-nous pas entendu arriver ? Pourquoi les gens ne nous ont pas aidé à le rattraper ? Tellement de question dans nos têtes, tellement de colère, de culpabilité et de peine aussi. En 3 secondes, plusieurs semaines de voyage viennent d’être gâchées, si ce n’est pas plus. Moi je m’en veux, je me sens responsable de ne pas avoir été plus méfiante et de ne pas avoir pris plus de précautions que ça. Pour Joël aussi c’est difficile car il s’en veut de ne pas avoir rattrapé le type qui ne roulait pas très vite (la sacoche a mis du « temps » à craquer, ça dû le ralentir, et il était plutôt épais comme gars). Mais nous restons super soudés tous les deux, et bien déterminés à refaire faire mon passeport pour continuer notre voyage, et ne pas laisser un abruti nous gâcher notre rêve. Il est 2h du matin quand nous finissons par fermer les yeux.

 

Mercredi 26 Juin

Nous nous levons ce matin pas très bien reposés, mais en ayant un peu dormi quand même. On découvre les bleus que j’ai sur les bras et sur le haut de la hanche. On est un peu étonnés, surtout sur celui de la hanche, car je ne me rappelle pas être tombée. On en déduit que je suis peut-être tombée, ou alors que la mobylette m’a tapé en me passant à côté. On prend tout ça en photo, ça peut servir pour les assurances.

 

                                                    

 

Ensuite on part pour le consulat français à Kuching, heureusement il y en a un. Il est un peu loin et nous avons du mal à le trouver car il est situé dans…un hôtel !!! Et cet hôtel est bien caché. Quand on arrive, la dame de la réception nous informe que les personnes du consulat ne sont pas là mais en vacances ! Quoi ?! La malchance nous poursuit…On appelle finalement le consulat à Kuala Lumpur, et on tombe sur une dame super qui nous explique tout ce qu’on doit faire : il faut revenir à KL (génial L), emmener les papiers nécessaires (que nous avons), et refaire sur place soit un passeport temporaire qui peut être fait le jour même, mais qui n’est valable qu’un an, soit refaire un vrai passeport, mais il faudra revenir 4 semaines après pour venir le chercher…Bon on va réfléchir à tout ça plus tard. On appelle Kamariah pour lui expliquer la situation (vous savez, la dame super sympa qu’on avait rencontré à notre arrivée), car nous avions RDV aujourd’hui avec elle pour faire une visite, qui forcément n’est plus à l’ordre du jour. Elle nous dit qu’elle veut nous aider, et qu’elle passe nous chercher tout de suite à l’hôtel où se trouve le consulat. Elle arrive en voiture avec une « copine-collègue de boulot » d’environ le même âge et d'origine chinoise, et elles tiennent à nous offrir le déjeuner.

 

                                         

 

En début d’après-midi, elles nous amènent à une sorte de préfecture qui fait aussi office de service d’immigration, et ce afin d’établir un pass de sortie temporaire. Et oui, pour aller à KL, il faut prendre l’avion, et pour prendre l’avion, il faut un passeport, chose que je n’ai plus. Ce pass m’autorise pendant un mois à me déplacer en Malaisie sans passeport, dans le but d’en refaire faire un (mais je ne peux pas sortir du territoire par contre). Même si la situation n’est pas des plus comiques, on passe une super journée avec Kamariah et sa cops. Elles se marrent tout le temps comme deux ados de 14 ans, font des blagues et détendent l’atmosphère. Elles sont aussi d’une aide précieuse, et d’une générosité qui nous touchent profondément. Elles nous ramènent à l’auberge et Kamariah me propose de venir nous chercher demain si nous avons encore besoin d’aller quelque part en voiture. Nous devons justement aller à Air Asia pour essayer de trouver une solution avec nos billets d’avion, on se donne donc RDV demain, et nous la remercions elle et sa cops en leur offrant des petits cadeaux…Les gestes de sympathie ne manquent pas d’ailleurs, d’autres personnes nous proposent leur aide dans l’auberge, et nous sommes encore une fois touchés par tout le bien que nous veulent des gens que nous ne connaissons pas…

 

Le soir, on se force à aller manger, on n’a pas bien le choix il faut bien se nourrir ! On sort avec presque rien dans les poches, juste le strict nécessaire (chat échaudé craint l’eau froide comme on dit). On ne supporte plus la ville et tous les bruits de moto qui passent à côté de nous, cela nous rappelle trop ce qui s’est passé la veille. On frôle les murs, et on essaie d’aller le moins loin possible pour manger et pour vite rentrer. La journée est passée à 10 000 à l’heure avec toutes ces démarches, mais l’évènement est encore bien frais dans nos mémoires. En chemin, j’alerte tous les gens que je croise avec des sacoches qui ressemblent à la mienne ou avec des gros appareils photo, et qui sont comme nous étions hier, insouciants du danger. Je leur raconte ce qui m’est arrivé pour qu’ils sachent eux aussi ce qu’ils risquent ici. A notre retour à l’auberge, il y a des gyrophares et pleins de flics dans la rue, Joël entend des cris, on en déduit qu’il s’est repassé la même chose ce soir pour une autre personne…grrrrrrrrrrrrr.

 

Jeudi 27 Juin

Ce matin, on retrouve Kamariah devant l’auberge et elle nous amène au bureau d’Air Asia. En effet, voici le nouveau planning de voyage : départ pour KL ce samedi (car nous n’avions réservé l’auberge que jusqu’à vendredi inclus, et il n’y a plus de place pour samedi soir), dimanche : achats de babioles sur le marché chinois de KL pour remplacer tout ce qui a été volé (sacoche, pochette ventrale secrète pour moi, pied d’appareil photo, tél portable, etc.), lundi : établissement du passeport temporaire à l’ambassade et enfin départ pour Jakarta directement depuis KL, à une date encore inconnue car elle dépendra de la décision de l’ambassade d’Indonésie de m’accorder de nouveau le visa ou non. Ensuite, on compte refaire le vrai passeport à l’ambassade de France de NZ car il faut revenir 4 semaines après pour revenir le chercher. Or nous avions prévu de rester 2 mois en NZ ce qui sera largement suffisant pour récupérer le passeport, tandis qu’on a déjà bien visité la Malaisie et qu’on ne veut pas rester 4 semaines de plus ici. Mais pourquoi un nouveau passeport, le temporaire ne suffit-il pas ? Théoriquement si, mais de nombreux pays réclament à l’arrivée un passeport avec une validité de plus de 6 mois, donc pour l’Amérique Latine, ça risque de coincer avec juste le passeport temporaire.

 

Le nouveau programme nous plait bien, comme quoi l’être humain peut s’adapter à tout, et puis de toute façon, on vit au jour le jour désormais, avec les dernières nouvelles fraiches. Mais le nouveau programme a un bug : nous perdons un billet d’avion, celui qui nous menait de Kota Kinabalu à Jakarta, et nous devons en racheter un pour KL. Peut-être qu’un « échange » est possible, surtout aux vues des circonstances, nous rentrons donc dans l’agence locale de Air Asia. La réponse de l’hôtesse d’accueil est claire: « NOT PERMITTED » (elle a répété ce mot au moins 6 fois de suite). Traduction : niet, que dalle, allez vous faire voir !!! On ne s’attendait pas à grand-chose de leur part, mais à quand même un peu plus que ça… En gros on ne peut changer que les dates de billets, pas les destinations, et si on veut annuler un billet, on perd une grosse partie du montant, même quand on a  souscrit l’assurance annulation ! Merci beaucoup Air Asia, je pense que même Easy Jet aurait fait mieux.

 

                                                     

 

On repart dépités et énervés par un tel manque de sens commercial, et on attend Kamariah dans la rue, devant le bureau d’Air Asia. En l’attendant, une mobylette s’arrête de l’autre côté de la rue avec à son bord deux gars casqués. L’un d’eux descend, brise la vitre d’une voiture, et remonte sur la mob avec deux sacs volés dans la voiture. Même durée que notre vol de sacoche : 3 secondes chrono. Je craque et je me mets à pleurer dans les bras de Joël, j’en peux plus de cette ville, c’est quoi ce délire ?!!! A-t-on vraiment si peu de chances qu’on tombe sur les rares agressions qui s’y passent, ou cette ville est-elle vraiment dangereuse ? C’est parce qu’on a déjà payé l’auberge et le festival de musique vendredi soir et parce qu’on ne peut pas gaspiller plus d’argent qu’on en a déjà perdu que l’on reste jusqu’à samedi, parce que si ça ne tenait qu’à nous, on partirait sur le champ ! Kamariah nous ramène à notre auberge, nous la remercions encore mille fois de tout ce qu’elle a fait pour nous. Elle nous dit qu’elle a beaucoup aimé pouvoir nous être utile, qu’elle aurait aimé pouvoir encore plus nous aider et qu’elle regrette vraiment que cela nous soit arrivé. Nous échangeons nos emails et nos numéros de téléphone, nous espérons pouvoir nous revoir un jour même si nous ne sommes pas dupes, ça risque d’être compliqué. En tous cas, cette rencontre est la plus belle de notre voyage, il n’y a pas de doute. Nous ne la remercierons jamais assez de son aide et de son soutien. Moi qui me plaignais de n’avoir pas assez rencontré de locaux en Malaisie, nous avons finalement fait une rencontre qui vaut bien plus que toutes celles que nous aurions pu faire…

 

Après la matinée, on part manger un bout et se reposer. Ensuite, on trouve des billets d’avion pas trop chers pour aller à KL samedi, et on ne manque pas d’utiliser une AUTRE compagnie aérienne qu’Air Asia ! Puis comme il est encore tôt, et que nous avons fait le tour des démarches administratives, nous décidons de sortir prendre l’air et d’aller visiter le musée du Sarawak, qui abrite une collection d’objets culturels concernant les coutumes des populations tribales de Bornéo. En effet, de nombreuses « tribus » vivent encore de façon traditionnelle dans la jungle ; ils s’appellent les Iban, les Bidayuh, les Orang–Ulu, ou les Penan.

 

                                   

 

Ils vivent souvent dans ce que l’on appelle une maison longue, qui comme son nom l’indique est une longue maison, avec plusieurs portes, et plusieurs familles vivent en communauté à l’intérieur. Une reconstitution de maison longue se trouve d’ailleurs dans le musée, avec des faux cranes d’êtres humains suspendus au plafond, car la légende des châsseurs de tête n’est pas qu’une légende…Cette coutume n’est plus pratiquée de nos jours, mais elle était vraiment d’actualité avant l’arrivée des colons britanniques. Une maison longue qui affichait beaucoup de têtes à l’entrée était crainte et respectée par les clans voisins…ça fait froid dans le dos !

 

                                               

 

Après la visite intéressante du musée, nous rentrons à l’auberge en faisant toujours super gaffe à tous les scooters qui passent. Nous n’avons de toute façon plus grand-chose à nous faire voler, et les quelques « bien précieux » sont inaccessibles (merci M-Claude et Alain pour votre pochette secrète), mais une autre tentative de vol serait vraiment très mal vécue. En plus, nous trouvons tous les gars à scooter effrayants maintenant, on est paranoïaques certainement, mais avec leur casque, leur veste retournée sur eux, et leurs regards qui nous dévisagent, on a l’impression qu’ils cherchent tous un truc pas net ! En rentrant, on se met à jouer aux cartes pour se changer les idées, et soudain, il y a une coupure de courant ! Kuching décidément ne nous veut pas chez elle ! lol. Ca dure, ça dure, on joue aux cartes à la lampe frontale mais il est temps d’aller manger. On cherche quelque chose d’ouvert, mais toute la ville s’est arrêtée avec la coupure d’électricité. A priori, c’est même tout le Sarawak qui est dans le noir ! Seul un resto un peu chic a l’air d’avoir un groupe électrogène, on part manger là-bas et on rentre, on passe la soirée à jouer aux cartes en regardant passer les mobylettes dans la rue, vivement samedi que l’on s’en aille.

 

Vendredi 28 Juin

Aujourd’hui c’est le jour du festival « Rainforest World Music Festival » qui accueille des groupes de musique du monde entier, un peu orientés « musique du monde » et « musiques tribales », forcément. On hésite vraiment à y aller, car il va falloir rentrer relativement tard, et nous évitons de sortir la nuit depuis l’incident. Mais je pousse un peu pour qu’on y aille quand même, en espérant ne pas me tromper et qu’on passera bien une bonne soirée. Et nous ne le savons pas encore, mais heureusement qu’on y est allés à ce festival !

 

                                                

 

On part vers 14h avec un minibus affrété par l’auberge. Il est rempli de jeunes occidentaux venus exprès pour l’évènement, pleins de bières dans les sacs pour faire la fête ce soir. Nous, nous serons sobres, ça c’est sûr, nous préférons rester sur nos gardes toute la nuit. Nous partons dès le début d’aprem car il y a pleins d’activités organisées par le festival dans la journée. Le festival se déroule à l’intérieur du « Sarawak cultural village » qui est une sorte de musée vivant regroupant tous les habitats traditionnels des tribus dont je vous ai parlé précédemment. Nous aurions dû aller visiter ce « musée » avec Kamariah le jour où nous sommes allés au consulat ensemble, et on aurait largement préféré. Bref, la journée nous permettra de faire deux visites en une (le village + le festival), et ça s’annonce bien, il fait très beau et très chaud. A notre arrivée, nous rentrons dans le village puis nous ressortons direct pour faire un tour du côté de la plage. Nous allons aussi dans le bâtiment extérieur où des tatouages traditionnels sont réalisés (très importants dans les cultures tribales de Bornéo), au pic et au marteau, c’est impressionnant !

 

                                         

 

Puis nous RE rentrons dans l’enceinte du festival, et contrairement à tout à l’heure, on nous demande d’ouvrir nos sacs. On n’en a qu’un, c’est le mien que Joël porte sur le dos. A l’ouverture, il se retourne vers moi et me demande : « t’es folle, pourquoi t’as pris mon passeport ? ». Et là je comprends tout de suite, car je n’ai PAS pris son passeport. Je lui souris, et lui réponds que j’ai rien pris du tout ! Le garde finit la fouille, et nous ouvrons le passeport : c’est le mien !!!!!!!!!!!!!!! Youpi tralala !!! On se saute dans les bras, j’en pleure de joie, et rapidement je me déteste aussi de ne pas avoir vérifié avant de faire deux jours de démarches administratives ! Joël aussi m’en veut d’être aussi bordélique, je ne sais jamais où je range les choses (surtout quand elles sont trop bien rangées !). En plus, le passeport était dans un endroit où je ne l’avais JAMAIS mis avant, dans une poche presque cachée de mon sac à dos, que je portais le matin au centre des orangs-outans. Et je ne l’ai jamais ressorti, j’étais « sans-papier » le soir du drame. Normalement il est toujours dans ma sacoche, ou bien il reste à l’auberge, qu’est ce qu’il foutait là, je ne le sais pas mais je m’en fous, je suis trop contente ! En plus, il était moins une, nous devions prendre l’avion pour KL demain ! Tout repart comme avant (avec un peu d’argent en moins quand même), fini le programme qui consistait à repartir à KL, nous continuons notre chemin sur Bornéo. Et nous partons demain en direction de Sibu  (nous devons nous lever super tôt, ça c’est moins cool). Je ne vais pas aller jusqu’à dire qu’on est déçus car le nouveau programme nous plaisait bien (surtout le marché pour faire des achats à KL !), mais il nous faut quand même quelques minutes pour faire marche arrière dans nos têtes, et nous RE adapter à « l’ancien-nouveau progamme » ! En tous cas, bizarrement, toute l’aigreur et la peine que nous avions à chaque fois que nous pensions à l’incident s’est envolée dans la seconde où on a retrouvé mon passeport ! Certes, le reste est toujours perdu, mais c’est beaucoup moins grave. Grâce à mon passeport, le voyage continue !

 

On met un peu de temps à se remettre de nos émotions, puis on attaque enfin la visite du village. Il y a plusieurs maisons longues, des personnes en costume traditionnel, et même un pont entièrement fait en bambou.

 

                             

 

Dans une des maisons longues, nous tombons sur une première animation, il s’agit de plusieurs flutistes, venant de plusieurs pays qui jouent chacun à leur tour de leur instrument. C’est super, chaque son et chaque façon de jouer est différente. L’un d’eux originaire d’une tribu du Sarawak joue même du nez ! A la fin, ils essaient de tous jouer ensemble, l’ambiance est bon enfant, c’est très sympa.

 

 

Nous finissons le tour du village, mangeons un bout et nous nous installons pour le début du festival. Une scène est aménagée à l’intérieur du village, il se met à pleuvioter mais c’est pas grave, on est tellement contents d’être venus ! En attendant le début, je vois voler d’arbre en arbre des formes sombres et plates, il s’agit certainement d’écureuils volants assez fréquents dans la région, c’est cool ! Le festival commence pile à l’heure, du jamais vu ! Il commence par des « native festival blessings », c’est-à-dire les bénédictions de chaque tribu, en chant et en costume. C’est super beau et impressionnant.

 

                                                   

 

Ensuite démarrent des petits groupes de musique qui ne restent pas longtemps, notamment le flutiste du Sarawak et des joueurs de Sape (instrument traditionnel). Puis ça continue avec un groupe qui reste plus longtemps, les « Rythm in Bronze », avec de nombreux instruments à percussion, et des xylophones. C’est chouette à voir, mais ils restent un peu trop longtemps à notre gout ! lol. Ensuite il y a un groupe français, les « Chet Nutra », qui jouent et chantent dans plusieurs langues. La musique est très variée, aucune chanson ne se ressemble, et même s’ils ont tous l’air un peu barrés, on aime bien.

 

                                    

 

Mais il commence à se faire tard, il y a un bus retour toutes les heures et on n’avait pas prévu de se lever si tôt demain matin ! On repart donc ravis de cette journée qui s’est super bien passée, sans encombre sur le retour, et avec récupération du passeport en prime. Une histoire de fou quand même…Heureusement, tout est bien qui finit bien!

 

                                              

 

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Date: 04/08/2013

Par: Alain et Marie Claude Cournon

Sujet: péripéties

Ben dis donc en lisant tout cela, j'en ai les larmes aux yeux et puis en continuant elles sont de joie de savoir que tu as retrouvé ton passeport et que le rêve continue pour vous et pour nous aussi par ricochet. Bonne route pour la suite et bisous de nous deux.

Date: 30/07/2013

Par: Ghislaine

Sujet: passeport

Coucou,
Ben trop contente pour le passeport, oui ça doit être dur de se faire voler comme ça, plus de sacoche à l'avenir !!
Les singes ça a dû être super vraiment !!!
Et toi Joël dort dans le sac à viande ...
Bisous à vous deux

Date: 25/07/2013

Par: Mimounette

Sujet: Péripéties

J'ai lu avec une émotion rétroactive la péripétie de la pochette et bien sûr j'ai chougné. Bon continuation les enfants. Bisous

Date: 25/07/2013

Par: Kitou

Sujet: Re: Péripéties

Ben faut pas Mimounette, tout va bien maintenant, c'était un mauvais moment sur le coup mais maintenant c'est derrière nous! Gros bisous je t'aime :-)

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